Eugène
Delacroix

Eugène Delacroix, Marguerite à l'Eglise, lithographie

Marguerite à l'Eglise

Delteil 70

lithographie, circa 1826, sur vélin blanc, le 1er état (sur 5), une très belle et nette épreuve d'essai, rognée entre 1 et 2mm à l'extérieur du premier trait carré, "très rare" selon Delteil, avant la première édition de l'album, avant lettres et avant les retouches faites lors de l'effacement du trait carré, une petite déchirure (15 mm) dans la marge inférieure à droite qui a été finement réparée à la gomme, vraisemblablement après un habile nettoyage, petites épidermures circulaires au verso d'un ancien montage, autrement en très bonne condition

L. (sans le trait carré) 269x222mm. (265x220mm. selon Delteil), F. 275x228mm.

Provenance: la collection Alexis H. Rouart, avec le timbre (Lugt 2187a), légèrement en bas à droite, et encore plus nettement au verso*

 

La première édition de l'album de Faust fut publiée en 1828. L'un des premiers artistes à s'intéresser à la technique alors nouvelle de la lithographie, Delacroix l'avait expérimentée tout au début de sa carrière ; la série de Faust marque cependant son essai initial de créer un album en illustration d'une oeuvre littéraire, dont l'inspiration provenait d'une représentation scénique à laquelle il avait assisté à London en 1825.

L'appréciation que Goethe portait à cette série, par rapport à d'autres réalisations allemandes contemporaines, est bien connue. En outre, Beraldi (in Les Graveurs du XIXe Siècle) remarque sur la signification de cette oeuvre:

"Le Faust de Delacroix nous paraît aujourd'hui d'un romantisme échevelé. Son importance est précisément dans cette violence. Il fut la profession de foi de la jeune école. À ce moment, il ne s'agissait pas d'être raisonnable, mais d'être 'truculent.' Delacroix fut 'truculent,' mais il fit une révolution dans l'art."

Cette révolution n'était autre que l'invention de l'illustration moderne.


* Il y a en outre une ancienne annotation au crayon au verso : "provenant de la vente Riesener."
Cette dernière attribution, bien que probable, n'est pas vérifiable, car le catalogue de la vente Riesener (avril 1879) n'ennumère pas les nombreuses estampes incluses. Il est cependant bien connu que L. Riesener (le peintre, dont le grandpère, le célèbre ébéniste sous Louis XVI, avait épousé la grandmère de Delacroix) possédait une importante collection des oeuvres précoces de Delacroix.